Le 21e siècle est souvent qualifié de l’ère du numérique, avec la généralisation de l’utilisation d’Internet et des technologies liées. Cependant, cette évolution ne s’est pas faite de manière égale pour tous, certains groupes étant plus touchés que d’autres par les inégalités dans l’usage et l’accès aux technologies numériques. Dans cet article, nous allons explorer les différents aspects et enjeux de cette fracture numérique, ainsi que certaines pistes pour y remédier.
Inégalités d’accès aux équipements et services numériques
Le premier aspect des inégalités dans l’accès aux technologies numériques concerne les équipements disponibles auprès des populations concernées. En effet, il existe d’importantes disparités entre les pays développés et en développement, mais aussi au sein même de ces pays, notamment en fonction des revenus et du niveau d’éducation des individus.
Fracture numérique entre pays développés et en développement
Il est clair que les pays en développement sont à la traîne en matière d’accès et d’utilisation des technologies numériques. Selon les chiffres de l’Union Internationale des Télécommunications, seulement 53% de la population mondiale utilisent Internet, une proportion qui atteint 87% dans les pays développés, alors qu’elle stagne autour de 47% dans les pays en développement.
Cette fracture numérique peut également être observée au niveau de la possession d’ordinateurs et de smartphones. Les individus des pays en développement ont un accès limité aux équipements numériques, souvent en raison de prix élevés et d’un pouvoir d’achat réduit. En outre, l’accès à Internet est également plus coûteux et moins performant (débit faible, coupures fréquentes) dans ces pays.
Disparités au sein même des pays développés
Au sein des pays développés, on constate également des inégalités importantes en matière d’accès aux technologies numériques. Ainsi, les personnes ayant des revenus plus faibles ou un niveau d’éducation plus bas ont tendance à posséder moins d’équipements numériques et à utiliser moins fréquemment Internet.
- Revenus insuffisants : les ménages les plus modestes rencontrent des difficultés pour s’équiper correctement en matériel informatique ou souscrire à un accès Internet de qualité, ce qui limite leur utilisation des technologies numériques et les expose à un risque d’exclusion sociale et professionnelle.
- Niveau d’éducation : les individus ayant un faible niveau d’éducation sont souvent moins sensibilisés à l’importance et aux bénéfices des technologies numériques, et peuvent éprouver des difficultés à les utiliser efficacement.
Inégalités dans l’usage et les compétences numériques
Les inégalités dans l’accès ne sont pas les seules sources de fracture numérique. On peut également citer les différences de compétences et d’usage entre les individus, qui peuvent être liées à des facteurs tels que l’âge, le sexe ou le niveau d’éducation.
Inégalités liées à l’âge
Il existe une fracture numérique intergénérationnelle, avec les personnes plus âgées maîtrisant généralement moins bien les technologies numériques que les jeunes. Ceci s’explique en partie par le fait que les technologies numériques évoluent rapidement, rendant difficile pour les générations précédentes de rester à jour sur les dernières tendances et fonctionnalités. D’autre part, les aînés ont souvent des représentations négatives des technologies numériques, perçues comme sources de stress et de dépendance, et préfèrent donc s’appuyer sur des moyens de communication traditionnels.
Différences de genre
Dans certains pays, on constate également des inégalités de genre dans l’accès et l’utilisation des technologies numériques. Plusieurs études révèlent que les femmes sont moins susceptibles de posséder un smartphone ou d’utiliser Internet que les hommes, notamment en raison de stéréotypes de genre véhiculés par la famille ou la communauté, d’un manque de formation adaptée ou de l’absence de services répondant à leurs besoins spécifiques (santé, sécurité, etc.).
Impact du niveau d’éducation sur les compétences numériques
Le niveau d’éducation joue un rôle majeur dans l’acquisition de compétences numériques. Les individus ayant un niveau d’éducation supérieur sont plus enclins à développer leurs compétences en matière de technologies numériques, ce qui leur permet de mieux naviguer sur Internet et de tirer parti des opportunités offertes par le développement du numérique (emploi, formation, loisirs). L’éducation demeure une clé essentielle pour réduire les inégalités d’usage et d’accès aux technologies numériques.
Pistes pour réduire la fracture numérique
Afin de lutter contre ces inégalités dans l’accès et l’utilisation des technologies numériques, plusieurs pistes peuvent être explorées :
- Développer l’infrastructure numérique : favoriser l’accès à Internet dans les zones rurales et les pays en développement, par exemple en déployant des réseaux mobiles ou satellitaires à faible coût.
- Rendre les équipements et services numériques abordables : mettre en place des dispositifs d’aide financière ou de subvention pour permettre aux ménages modestes de s’équiper et de souscrire à des forfaits Internet adaptés.
- Soutenir l’alphabétisation numérique : proposer des formations et des ateliers gratuits ou peu coûteux pour aider les personnes éloignées du numérique à développer leurs compétences et leur confiance en elles-mêmes dans l’utilisation des technologies numériques.
- Inclure les femmes et les aînés : promouvoir l’égalité des sexes et des générations dans l’accès et l’utilisation des technologies numériques, en développant par exemple des programmes de formation spécifiques à ces publics.
En conclusion, il est essentiel de reconnaître que la fracture numérique n’est pas uniquement une question d’accès, mais également d’usage et de compétences. Les inégalités découlant de cette fracture peuvent avoir des conséquences importantes sur le développement social, économique et culturel des individus concernés, ainsi que sur la cohésion de notre société. Il est donc crucial de mettre en œuvre des politiques et des actions visant à combler ces écarts et à favoriser une appropriation équitable et efficace des technologies numériques par tous.